Ou j’en étais déjà moi ? Ah oui, voilà, aller au lac, laver le chien… Toussa ! Avec un sac plein de pommes de pins, une main pleine de menthe, et une autre pleine de couteau et de ceinture-laisse improvisée.
Non mais franchement, comment ça pourrait mal finir toute cette histoire ? Je maitrise ! Yeah !
Je maitrise tellement que je vais prendre un raccourcit, je vais quand même pas repasser par le complexe, c’est plus court si je pars en direction des petits arbres là. J’en suis sûre !
Hum… Je pensais pas que cueillir de la menthe contribuerait autant à renforcer ma confiance en moi… De toute façon c’est pas comme si j’avais besoin de la renforcer, je suis tellement badass ! Et bonne aussi. Et modeste…
La seule chose qui pourrait rendre ce moment plus parfait –non parce que déjà là c’est parfait, je suis là !- ça serait que cette adorable boule de poil ARRETE DE TIRER DANS TOUS LES SENS ET D’ESSAYER DE ME LIGOTER AVEC MA PROPRE CEINTURE !
Non mais, c’est vrai ça ! Elle manque pas de culot !
Et je suis censée faire comment moi pour lui expliquer ?! J’ai jamais fait ça avant !
…
Et si ça continue je vais jamais faire ça après, je risque de tomber et me poignarder moi-même.
Quelle mort à la con ça serait…
Et après je finirais bouffée par des bêtes sauvages et des asticots….. J’AIME PAS LES ASTICOTS !
Dans le doute, je change ma façon de tenir le couteau, pour bien éloigner la lame de ma précieuse personne.
Je tente tant bien que mal de conserver ma trajectoire tout en empêchant le tas de puce de m’entortiller. Attachée avec du cuir en pleine forêt c’est pas forcément mon fantasme, tu vois le genre ?
Quoique… C’est peut-être pas si mal. Sauf quand c’est fait par un chien peut-être…
J’avance donc, perdue dans mes pensées… Quand tout à coup :
- OUAF ! OUAF !Mon adorable boule puante se jette dans un buisson en courant.
Alors que, justement, j’étais ficelée comme un rôti (de veau j’imagine, c’est bon le rôti de veau).
Et que j’étais pas concentrée.
Malgré toute ma badassitude, je ne peux m’empêcher de trébucher.
Mais grâce à toute ma badassitude, je me rappelle d’éloigner la lame tranchante de mon magnifique petit ventre. Et aussi de ma merveilleuse petite tête. Et de mes renversantes petites jambes. Et de… ouais bah de moi quoi, on va pas faire un inventaire détaillé de tout ce qui est génial chez moi.
J’étends donc le bras au maximum, préparant mon atterrissage gracieux.
Je capte un mouvement du coin de l’œil, mais bon, j’ai un peu autre chose à foutre là maintenant tout de suite donc je m’en tamponne un peu
Donc, l’atterrissage gracieux ? Bah… En fait je me viande comme une vieille crotte (tellement fort que j’en perds mon sens de la poésie, c’est dire).
Mais je ne me laisse pas abattre, oh non ! Je suis une warrior moi WESH ! Je m’apprête donc à me relever. Et pour cela, je m’aide de ma main droite, celle grâce à laquelle j’ai réussi à éviter une morte débile !
Mais… C’est bizarre ça bouge un peu au bout de ma main.
Je la regarde.
Je crie !
-AAAAAAAH !Non pas que je sois une petite nature hein, j’ai peur de –presque- rien.
Mais là, autour –oui, je dis bien AUTOUR- de mon couteau, y a un truc noir. Je cligne des yeux.
Mon chiot approche pour renifler joyeusement cette chose qui pisse le sang et remue encore très légèrement. Une histoire de nerfs ou un truc comme ça je crois, parce que là c’est pas vraiment possible que ce lapin soit encore vivant.
Avec un couteau planté dans la tête.
Je crois que je vais gerber.
Ou je le ferais si j’avais mangé…
Comme quoi la famine a du bon parfois.
Je lache le couteau, il reste planté à la verticale.
PUTAIN
Me dites pas que…
Je me redresse un peu, histoire de continuer tout ça accroupie plutôt que vautrée par terre, et tire sur la lame.
Elle résiste.
PUTAIN, J’AVAIS DIT DE PAS LE DIRE !
Le couteau a traversé, oui, oui, traversé… la pointe est plantée dans une racine qui dépasse du sol…
Je peux pas m’empecher de laisser échapper un cri :
- MAIS C’EST DEGUEULASSE !Ca fait sursauter le chien qui léchait le sang chaud. MAIS C’EST VRAIMENT DEGUEULASSE, C’EST COMME CA QUE CA MARCHE LA NATURE ? VRAIMENT ?!
J’ai presque envie de démissionner quoi !
Mais bon, je peux pas.
Alors je le fais pas.
Au lieu de ça je prends le temps de reprendre mes esprits. Genre 10 mètres plus loin, à caresser doggy-chien. Bon allé, au point ou on en est… On va pas gâcher.
Je tente de réprimer mes haut-le cœur alors que je retourne vers le petit cadavre noir.
Il devait être adorable quand il était en vie… Pas de bol… Une image se forme dans ma tête...
- Spoiler:
C’EST DEGUEULASSE LA VIE ! Bon allé, faut faire quelque chose…
Je tire sur le couteau jusqu’à ce qu’il sorte du petit cadavre poilu. Cadavre que j’attrape tant bien que mal. Et dont j’incise la gorge tout en le tenant par les pattes arrière. Je sais pas trop pourquoi, mais je crois me rappeler qu’il faut faire ça alors…
PUTAIN MAIS NON !
POURQUOI CA ME DEGOULINE DESSUS ? C’EST VRAIMENT DEGUEULASSE, DEGUEULASSE, DEGUEULASSE !
Bon, plus le choix, je vais devoir me laver avant de retourner chez moi avec le civet… Heureusement que je suis déjà sur la bonne route !
Enfin… Je crois.