Malgré le malaise que ça lui inspirait, partir à la chasse semblait être un luxe aux yeux de l'Écossais désormais. Maintenant qu'il avait une main dont il ne pouvait pas se servir, il devait se contenter de baies, qui lui semblaient à chaque fois plus fades, plus ennuyantes. Et il sentait bien que c'était loin d'être suffisant pour subvenir à ses besoins nutritionnels : il se sentait de plus en plus faible, et la fatigue due à sa blessure s'ajoutait. Et encore, il avait déjà eu de la chance que la morsure ne s'infecte pas, étant donné que les crocs de l'animal devaient probablement être pleins de bactéries en tout genre.
S'il s'était retrouvé avec un staphylocoque doré, il aurait fini dans la tombe.

Il chassa cette idée, se secoua brusquement la tête, et prit une profonde inspiration. Ça n'était pas arrivé. Il était inutile de s'attarder sur cette idée. Comme toujours, il chercha à se recentrer sur ses actions afin d'oublier toutes ces pensées qui tournoyaient dans son crâne, mais la marche n'était pas des plus divertissantes - surtout qu'il connaissait ce chemin. Scruter la nature, aussi verdoyante soit-elle, ne l'occupait qu'un temps. Foster ressentait le besoin de bouger, de sentir qu'il poussait ses muscles à leur limite, mais il ne pouvait pas se le permettre - une chute et s'il tombait sur la mauvaise main, il le regretterait bien plus qu'amèrement.
C'était chiant, de devoir être prudent. Mais malgré une certaine liberté, il n'avait pas vraiment le choix - et c'était peut-être bien ça, qui l'énervait le plus.

Il arriva finalement au point où il y avait les fameuses baies, et entreprit de les cueillir de sa main valide et de les déposer dans un t-shirt qu'il utilisait comme sac de fortune; tout ça s'en réellement le réaliser. Cette fois-ci, il n'avait pas arrêté le train de ses pensées; mais il sentait l'angoisse naître et ses yeux qui s'humidifiaient, aussi se reprit-il en main.

Mais peu importait, peu importait; il était en vie et il se sentait vivre. C'était ce qu'il avait toujours voulu, au final. Même s'il n'aurait jamais imaginé que ça serait dans des circonstances aussi désastreuses, qui lui donnaient l'impression de marcher avec tout le poids du monde sur ses épaules, de s'enfoncer un peu plus à chaque pas dans un avenir indiscernable mais de mauvais augure.
De toute façon, il allait se débrouiller, hein. Comme toujours. C'était un Écossais, avec un caractère bien trempé; trempé à la pluie quasi-continuelle. Il trouverait un moyen.
Il pouvait le jurer, il n'abandonnerait pas.

Et il reprit contact avec la réalité, réalisant alors qu'il avait déjà cueilli assez de baies. Il replia précautionneusement son t-shirt sur la nourriture, le prit à bras, et se mit en route pour rentrer au complexe.