HISTOIRE : Sven avait pourtant un destin tout tracé, ses parents étaient riches, surtout grâce à la fortune de son grand-père qui était l’actionnaire majoritaire d’un grand groupe fabricant des meubles en kit. Le domaine dans lequel il avait vécu était immense, avec une forêt tellement grande que l’exploitation du bois suffisait à payer l’entretien du manoir. Il avait des souvenirs fabuleux de partie de cache-cache avec sa sœur dans les couloirs sans fin. À eux deux ils avaient découvert tellement de cachettes secrètes que le jeune homme avait un peu l’impression d’avoir grandi à Poudlard.

Quand il ne jouait pas avec sa sœur, Sven lisait ou étudiait, il fréquentait une école privée pour garçons assez stricte et n’avait jamais eut l’occasion de plaisanter avec ses études. Il devait être sérieux en toute occasion comme ses parents et ses grands-parents. L’école était pourtant le lieu où il avait le plus l’occasion de se détendre, avec ses amis tout était plus simple, il n’avait pas besoin de faire semblant.

À la maison en revanche, Sven avait souvent l’impression d’être quelqu'un d’autres, il était ce qu’on attendait de lui. Et on attendait de lui beaucoup de choses, son emploi du temps était toujours chargé de cours divers, du piano au crochet. On voulait le rendre assidu, patient, travailleur, on lui inculquait aussi des notions de politique et de droit. Tout était fais pour en qu’il devienne un grand dirigeant plus tard, et Sven ne faisait rien pour empêchait. Il obtempérait comme un enfant sage, parce qu’on ne l’autorisait pas à faire autrement. La seule chose qu’il parvenait à faire pour échapper à ses devoirs était de se faire passer pour malade. Il simulait des crises d’asthme ou les exagéraient, il se faisait vomir, se plaignait de maux de ventre, de gorge. Le docteur vint le voir beaucoup plus souvent que la plupart des enfants de son âge.

Mais en grandissant, même ça lui était refusé, il se sentait mal ? Et alors ? Il était grand maintenant, et il devait apprendre à remplir ses devoirs quoiqu’il arrive. Une entreprise ne pouvait pas tourner toute seule. C’est à ce moment-là que la douce image d’obéissance de Sven se brisa, il se mit à fuguer, à fumer, à se scarifier, il révéla son homosexualité, tout ce qui pouvait évacuer sa peine et sa rage était le bienvenu. Ses notes chutèrent et on l’envoya chez de nombreux spécialistes sans qu’aucun ne puisse arranger son état de dépression. Tout simplement parce qu’il n’avait pas envie de s’en sortir et de devenir à nouveau un bon petit soldat.

Est-ce que c’était pour ça ? Est-ce qu’on s’était débarrassé de lui. C’était ce que Sven se demanda en faisant l’inventaire de ses biens personnels. Il n’y aurait pas de rançon, on l’avait envoyé dans ce village pour y mourir. Mais qui que soit la personne derrière ce plan foireux, il n’allait pas se laisser faire, il avait peut-être l’air fragile, vu de loin, mais il ne l’était pas. Au fond de lui dormait un fauve prêt à se battre.